La période de Ramadan implique un changement du rythme et de la qualité des repas, mais aussi du cycle veille-sommeil, ainsi qu’une diminution relative de l’activité physique.

En fonction de son état de santé et de l’évolution de son diabète, pratiquer un jeûne répété sur plusieurs jours présente des risques de complications.

Lors du Ramadan, on parle à la fois du jeûne mais également du rythme alimentaire perturbé.

Durant une période prolongée de jeûne, Le risque encouru est essentiellement un risque d’hypoglycémie, si le patient n’a pas pris soin de faire adapter son traitement en concertation avec son médecin.

Au coucher du soleil, l’alimentation et l’hydratation sont de nouveau autorisées. Le risque est la surcharge d’apports alimentaires, dont les conséquences peuvent être l’hyperglycémie et la décompensation métabolique aigüe chez les personnes qui prennent leur traitement à des doses parfois inadaptées (en regard de leurs apports caloriques majorés). Elles risquent dans ce cas d’être carencées en traitement de part ces apports caloriques importants.

  • L’étude EPIDIAR a démontré que l’incidence des hyperglycémies augmente de 5 fois chez le diabétique de type 2 pendant le jeûne, et de 3 fois chez le diabétique de type 1

Ces résultats ont été attribués à la réduction excessive des dosages de médicaments anti-hyperglycémiants (dans le but de prévenir les hypoglycémies) et à la prise alimentaire chargée en sucres.

Lors d’un diabète de type 2 si la glycémie augmente à 3 voire 4g/l, l’hyperglycémie se manifestera par une soif intense et une envie fréquente d’uriner. Une quantité élevée de glucose circulera dans son sang et l’organisme, en manque d’insuline, ne pourra plus utiliser ce glucose pour nourrir ses cellules. L’organisme va alors dégrader les graisses pour survivre et produire de l’acétone. Cette acétone va acidifier le sang et, si rien n’est entrepris, cela peut entrainer un état d’acidocétose. Il existe également un risque non négligeable de déshydratation, surtout en période de chaleur, ce phénomène peut être accentué par l’hyperglycémie (urines fréquentes et abondantes).

Prudence donc… Les règles concernant la dispense du ramadan sont très clairement indiquées dans le Coran :

La Sourate II verset 183 précise :
« Si le jeûne peut altérer de manière significative la santé du jeûneur ou lorsque la personne est malade , l’Islam l’exempte du jeûn
e».

L’idéal est de consulter un diabétologue rompu à ce type de questions avant le début du ramadan. Il est important d’expliquer que le diabète est une maladie évolutive nécessitant des adaptations thérapeutiques et que le jeûne a une influence sur l’état de santé.

En pratique, la question se posera particulièrement pour des patients qui ont des traitements potentiellement pourvoyeurs d’hypoglycémie (les sulfamides hypoglycémiants, lorsqu’ils sont en monoprise type Amarel, Diamicron…) doivent être modifiés selon les conseils du médecin.

Quels conseils :

  • consulter et discuter avec son médecin traitant ou son diabétologue avant le début du ramadan, ce sont les seuls interlocuteurs compétents pour juger de l’état de santé et adapter le traitement. Il y a des risques que le ramadan pratiqué sans un suivi médical préalable aboutisse à certaines complications.
  • Renforcer l’autosurveillance glycémique: c’est indispensable pour suivre le ramadan.
  • Effectuer au moins une glycémie capillaire avant chaque repas et deux pendant le jeûne
  • Si la glycémie est inférieure à 0,70 g/l : rompre le jeûne et se resucrer immédiatement (sachant que le seuil de ressenti du malaise hypoglycémique est souvent bien inférieur). Une autosurveillance glycémique renforcée est d’autant plus recommandée en cas d’hypoglycémies habituellement peu ressenties.
  • Limiter l’activité physique et sportive durant la période de jeûne (particulièrement en cas de forte chaleur)
  • Equilibrer son alimentation sur 2 à 3 repas pendant la rupture du jeûne quand cela est possible , mais la rupture du jeûne se faisant à une heure tardive cette année, il n’est pas évident de prendre un deuxième repas par manque d’appétit.
  • Il faut connaître ses limites et ne pas hésiter à rompre le jeûne en cas de besoin (fatigue, malaise…) voire consulter un médecin ou les urgences.

N’hésitez pas à nous consulter au sein du cabinet pour des conseils personnalisés.